Doom 3 : le retour du mythe
(Par Sephres)

C'est après des années de développement et une attente insoutenable des fans que John Carmack accouche enfin de son nouveau bébé, le tout dégoulinant Doom 3, et croyez moi ou non mais pour un nouveau né c'est déjà une bien belle bête...

 

Chroniques Martiennes

Nous sommes sur Mars, il vous suffira de regarder le décor d'une rougeur infernale qui s'étale de l'autre côté des vitres pressurisées de la base dans laquelle vous venez de débarquer pour vous en assurer. L'entrée dans le jeu est plutôt bien conçue et n'est pas sans rappeler Half-Life à son époque : à peine descendu de votre vaisseau vous pouvez commencer à explorer le coin, les écrans vidéo s'animent, les scientifiques sont au boulot, bref vous entrez immédiatement dans le background du jeu. Bientôt vous voilà avec votre première mission : aller chercher un type perdu au fin fond de la base ; rien de bien compliqué en somme mais vous n'en êtes qu'au début. Mais déjà quelque chose laisse entendre que ce poste ne sera pas de tout repos, beaucoup de militaires (beaucoup trop ?!) et peu d'informations sur ce qui se trame réellement dans ces laboratoires de recherche.

 

 

Profitez bien du début calme du jeu : ça ne va pas durer ...

 

 

Mais en bon marine, vous y allez sans trop poser de questions. Evidemment à peine êtes vous arrivé sur place que c'est déjà le bordel : il faut dire qu'il se passe des choses assez étranges dans le coin : maintenant vous vous souvenez de ce type au visage étrange qui se débattait sur une civière de l'infirmerie. Et puis cet autre type qui sortait des toilettes tout à l'heure, vous êtes sûr qu'il ne s'était même pas lavé les mains ... c'est louche tout ça je vous dit.

Effectivement ils ont une drôle de tête (quand il en ont une en tout cas) et en plus ils mordent. Bientôt toute la base est envahie de sales bêtes et vous descendez d'une place dans la chaîne alimentaire. Heureusement comme vous êtes un gaillard fier et fort c'est vous qui allez prendre vos couilles en bandoulière pour faire l'éboueur de l'espace et bouter ces cafards de l'enfer hors des lieux : seulement voilà, ces cafards ils ont des dents, des griffes et parfois même plus de poils au torse que vous.

Dans l'espace personne ne vous entendra crier

Si ce Doom innove et se distingue par rapport à la concurrence c'est bien par l'ambiance qui se crée au fil du jeu. Sur le plan graphique tout d'abord il faut reconnaître que le tout nouveau moteur de John Carmack fait très fort. L'ensemble donne au jeu un style assez particulier et la qualité de l'ensemble étonne. C'est bien simple : après Far Cry on pensait que les jeux à suivre ne créeraient pas un tel effet et c'est pourtant le cas : Doom 3 met assurément la barre très haut, mais dans un style différent. L'ensemble de l'environnement est riche, détaillé et permet de retranscrire les mille visages de l'horreur que ce jeu met en scène. Les jeux d'ombres et de lumière sont ici exploités de façon très poussée et contribuent à créer une atmosphère réellement oppressante pour le joueur, d'autant plus que les environnements sonores vous rappelleront sans cesse que ce n'est pas parce que vous ne voyez rien qu'il n'y a rien avec vous, dans cette pièce sombre. Le moteur graphique profite des derniers raffinements technologiques du genre : effets de lumière, d'ondulation de chaleur, de vibration, rien ne manque et l'ensemble est véritablement impressionnant. La modélisation est elle aussi de haut vol : pour ne prendre qu'un exemple parmi d'autres vous pourrez constater que la qualité de rendu des visages ainsi que celles de leurs expressions sont vraiment d'un réalisme bluffant. Evidemment tout cela a un prix car il faudra une configuration particulièrement musclée pour en profiter au maximum mais à moins de traîner encore une vieille GeForce 4 Mx ça devrait ne pas trop mal se passer. D'ailleurs même si vous possédez une machine moyenne vous serez encore surpris de la bonne tenue du moteur et ce même en qualité moyenne.

 

Ce Game plait

Au niveau du gameplay on reste dans le plus pur style du Doom, ici pas d'infiltration à la Splinter Cell : gore et brutal, on avance et on élimine. L'ensemble reste basique mais efficace, on ne passe pas une heure à se demander ce qu'on doit faire : grosso modo la mission du jeu serait surtout de rester en vie, et comme pour le marine que l'on incarne la meilleure défense c'est l'attaque le mieux reste de foncer dans le tas en espérant que ça se calme avant d'arriver au fond du chargeur : CQFD. Heureusement pour cela vous disposez d'un arsenal conséquent qui a le mérite d'être efficace même si une fois de plus il n'y a rien de révolutionnaire là dedans, le bon vieux pistolet, un shotgun à l'ancienne et ainsi de suite : jusqu'au non moins indispensable lance-roquettes, depuis le temps qu'on vous dit que c'est du Doom vous allez peut être finir par m'écouter.

Là où ce trouve l'innovation c'est sur tout le reste, d'abord les environnements très sombres sont particulièrement adaptés au nouveau style adopté dans ce jeu. En effet l'un des points importants de gameplay, c'est que vous ne pouvez pas vous promener en permanence avec un gros calibre à la main mais il vous faudra parfois éclairer les lieux avec une lampe de poche ... qui elle n'a pas de chargeur, ce qui rajoute incontestablement à la pression du jeu car au moment où vous apercevrez une silhouette il vous faudra encore dégainer votre arme avant de pouvoir vous défendre. Et contrairement à vous les créatures auxquelles vous aurez affaire voient très bien dans le noir.

Si on ajoute à cela que les monstres se cachent comme des fourbes et surgissent lorsque vous vous y attendez le moins vous risquez de ne plus faire le malin très longtemps. Certaines fois c'est même un cadavre qui se lève alors que vous venez de passer à côté, persuadé qu'il était bien mort, et voilà qu'il vous met une bonne trempe pour corriger cette erreur : brave garçon... L'IA fait bien son boulot, les monstres vous opposeront une résistance suffisante sans pour autant jouer les clones d'Einstein, ensuite tout dépend du type de créature à laquelle vous êtes confronté. Les uns se jetteront sur vous sans trop approfondir la connaissance tandis que d'autres préféreront attendre le moment propice pour passer à l'attaque. N'oubliez pas que ces saletés sont tout de même assez intelligentes pour attaquer en groupe et essayer de vous acculer si vous ne prenez pas un minimum de précautions, vous voilà au courant.

Forcément avec tout ça tous les éléments sont en place pour vous faire piquer une bonne suée. Quelle que soit la façon dont les choses se déroulent tout est prévu pour vous en faire baver : il faudra vous méfier de chaque coin d'ombre, de chaque petite cache pour rester en vie. Tout ceci combiné à un moteur graphique efficace, à un environnement sonore adapté et voilà votre tension qui monte d'un cran à chaque seuil que vous franchissez.

Pas de doute donc, le jeu est construit autour d'une mécanique bien huilée et le déroulement de l'ensemble se veut surtout efficace : les différents objectifs et les informations utiles se consultent d'une simple touche qui vous permet d'accéder à votre PDA. Tout ce qu'il vous reste à gérer ensuite ce sont vos munitions, histoire d'éviter de vous trouver abandonné dans une pièce pleine de bestioles avec un chargeur vide.

 

Quelques ombres au tableau...

Evidemment la perfection n'est pas de ce monde et même un jeu comme celui-ci comporte quelques défauts, qui même s'ils sont mineurs, méritent d'être évoqués.

Déjà le mode multijoueur est assez anecdotique, evidemment ce n'était pas là le point sur lequel on attendait Doom 3 mais il faut reconnaître que le multijoueur est assez faible, les modes de jeu sont assez classique (uniquement diverses variantes de Deathmatch) et les cartes sont vraiment peu nombreuses : dommage donc, même si on sait bien que ce jeu était surtout prévu pour un jeu en solo le sort du mode multi aura été bien vite réglé. D'autant plus qu'il n'y a aucun mode coopératif contrairement à la future version Xbox : frustrant pour un jeu dont les racines sont nées sur Pc, il ne reste qu'à prier très fort que la venue d'un futur patch vienne réparer cette injustice.

Autre petit "soucis" qui n'en est pas forcément un, le jeu semble scripté jusqu'à la moelle. Evidemment ça ne semble pas être un défaut en soi mais l'inconvénient c'est que toutes les parties seront semblables puisque les mêmes choses doivent se produire au même moment, autrement dit c'est un peu gênant pour ceux qui voudraient jouer plusieurs fois au jeu : il est évident que ce genre de moyens joue pour l'atmosphère mais il fait du même coup perdre en liberté d'action pour le joueur qui reste sur les rails que les programmeurs ont posé ici et là. Du coup cela nous donne un ensemble qui a l'air franchement linéaire, d'autant plus que la plus grande partie du jeu se déroule dans un environnement clos, du coup on subit forcément un sacré "effet couloir", assez frustrant donc pour ceux qui ne jurent que par la liberté d'action et le multipath puisque les seuls choix possibles se résument en général à un embranchement de couloir au bout duquel on finit par arriver au même point.

 

Finissons-en

Pour autant ne boudons pas notre plaisir ce Doom 3 est un très bon jeu. Une fois de plus le charme des petits gars de chez ID a opéré et on prendra un grand plaisir à plonger dans les recoins obscurs de Mars pour y faire le ménage par le vide à grand coups de pompe dans le train (à défaut de s'y faire dévorer les entrailles). Ce jeu est une réussite technique à tous les niveaux et on lui pardonne assez volontiers ses petits défauts pour se laisser guider au travers de ce titre bien conçu et efficace.

 

 

annuaire, pages jaunes